Services Commentaires fermés sur L’industrie de la téléphonie mobile : téléphoner nuit-il à la santé ?
L’ «appel du 15 juin» lancé par le Dr David Servan-Schreiber restera peut-être en France une date historique : la naissance du principe de précaution à l’encontre des rayonnements des téléphones portables. Ce n’est pas la première alerte, loin de là. Mais un médecin, un écrivain de renom, avait à l’évidence plus de chance de porter le message que n’importe quelle association d’utilisateurs. Oui ou non, le rayonnement d’un mobile est-il dangereux? Sans pouvoir trancher plus que des scientifiques qui se battent à coups de protocoles depuis des années pour répondre enfin sans ambiguïté, force est de rappeler que ces petits engins reçoivent et émettent des… micro-ondes. Certes à une puissance ridicule (1 ou 2 watts) comparée à celle d’un four micro-ondes (jusqu’à 1.000 watts) dont on connaît avec certitude en revanche la nuisance. Oui, mais le four, lui, est blindé, pas le mobile. Et l’on ne se colle pas l’émetteur du four à la tempe à la façon d’un téléphone… Avec plus d’un milliard de Smartphones en circulation, le portable est le marché du siècle: à l’échelle mondiale, les opérateurs auront engrangé des centaines de milliards de dollars de revenus ! Pour les bénéficiaires de ce pactole, la suspicion du caractère cancérogène du mobile pourrait vite devenir une catastrophe. Il suffirait que les scientifiques affirment la nocivité prouvée de l’appareil pour que l’opinion publique mondiale rejette massivement son utilisation… Risque incommensurable. Mais perspective lointaine: il a fallu 50 ans pour que l’amiante produise ses ravages de visu. Il faudrait encore une quinzaine d’années pour que des cancers avérés du cerveau ou de la glande parotide ne se manifestent. Rien n’empêche pourtant, et c’est le sens de l’appel du Dr Servan-Schreiber, que le principe de précaution n’évite ces pathologies annoncées.
Car même si la communauté scientifique, au grand soulagement de l’industrie mondiale du portable, n’a pour l’heure publié aucune étude tranchée fondée sur des cas avérés, les tests labos sur animaux existent bel et bien. Et depuis longtemps. Les militants américains convaincus par la nocivité des ondes électromagnétiques des portables se souviennent du «scandale Carlo» de 1999. Le docteur George Carlo, épidémiologiste, scientifique spécialiste de santé publique, juriste, avait été « recruté » en 1993 par le lobby richissime de l’industrie des téléphones portables pour apporter sa caution scientifique à l’innocuité des ondes de mobiles. De parfaite bonne foi, le chercheur avait endossé sa blouse de lobbyiste et allègrement entamé à coups d’études et de protocoles d’expériences pointues les quelque 28,5 millions de dollars de programme votés par l’association des constructeurs. Dans sa grande naïveté toutefois, le scientifique américain n’avait pas compris que l’on attendait de lui des conclusions politiquement correctes: il devait aboutir à la certitude que les allégations de dangerosité étaient nulles et non avenues.
Or, quand de premiers résultats d’expériences menées sur des rats lui montrèrent que les ondes électromagnétiques des téléphones portables pouvaient sous certaines conditions déclencher des «avaries» dans les tissus cérébraux des cobayes, le Dr Carlo exposa en public ses doutes. Mal lui en prit. Harcelé, victime de pressions de plus en plus menaçantes, le scientifique comprit mais un peu tard que l’industrie des téléphones mobiles n’entendait pas avoir dépensé tant d’argent pour se suicider ! Carlo démissionna, créa dans la foulée son propre institut (Science and Public Policy Institute), et, au passage, écrivit avec un journaliste Cell Phones: Invisible Hazards in the Wireless Age, traduit en France en 2001, par le signataire de cet article, sous le titre Téléphones portables, oui, ils sont dangereux. D’un côté et de l’autre de l’Atlantique, l’alerte laissa l’opinion publique indifférente. Au grand soulagement des industriels de la téléphonie mobile.
Désormais, la mise en garde «de précaution» du médecin français pourrait induire au moins les bonnes attitudes. Le Dr Carlo concluait déjà son livre sur les mêmes recommandations – utiliser les écouteurs, interdire le mobile aux plus jeunes, éviter à tout prix l’addiction du port permanent (pas plus que dormir à proximité de l’appareil en veille). Mais c’est le médecin français auréolé du succès de son livre Guérir qui a de bonnes chances de porter la bonne parole. Il faudra quand même un jour que le progrès technique reconnaisse ses frontières naturelles: s’il est avéré que les ondes d’un portable nuisent à un enfant – et sans doute à l’adulte – les industries de la mobilité et de l’antenne relais devront accomplir leur aggiornamento. À quand les mentions obligatoires sur les mobiles fashion : téléphoner nuit gravement à la santé ?
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